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(Sortie à Lyon du 25 janvier 2006)
L’expo temporaire Braque Laurens qui s’achève en cette fin
janvier fait ressurgir les années d’or de la peinture dans la première
moitié du XXe siècle.
Ce qui touche énormément dans une telle visite, c’est peut-être
la présence de l’œuvre authentique, là, sous nos yeux,
à la fois si semblable et si différente des innombrables reproductions
et photos dont regorge Internet. Voici des œuvres de Braque fauve, puis
de l’adepte de Cézanne, puis du démolisseur de modèle
brisant les ressemblances et multipliant les facettes d’un banal objet
(tel le violon, que maltraitera aussi Picasso). Nous sommes dans le cubisme
pur et dur, co-inventé par ses deux grands maîtres, Picasso et
Braque.
Surprise : l’étonnante austérité de la palette des
couleurs. Braque travaillait souvent sur deux ou trois couleurs de base, pas
davantage. Sauf durant ses débuts dans le fauvisme, il n’a rien
d’un coloriste flamboyant. Et plus on avance dans l’expo, de salle
en salle, plus on voit vieillir le maître à travers ses toiles,
c’est-à-dire atteindre une maturité quasi désincarnée
au prix de multiples remises en cause. Si le sommet de ses recherches esthétiques
date sans doute de son époque cubiste, le sommet du pathétique
se situe plutôt selon nous dans les rares oeuvres de sa période
« oiseaux », où l’expression symbolique se mêle
aux préoccupations purement picturales. Ses dernières créations
ont l’âpre et poignante simplicité du champ sous les corbeaux
de Van Gogh.
En contrepoint, les œuvres du sculpteur/peintre Laurens montrent une véritable
fraternité artistique entre les deux créateurs. Mêmes efforts,
mêmes principes…
En 1914, Picasso, que sa nationalité espagnole tient à l'écart
de la mobilisation, ne cède pas à l'exaltation patriotique à
laquelle Braque et Apollinaire (deux parmi pas mal d’autres) se montrent
au contraire sensibles. Picasso continue de peindre, et Braque, lui, quitte
son atelier et va se faire blesser sur les champs de bataille. Leurs chemins
vont peu à peu diverger. L’expo Braque restitue dans toute sa profondeur
le témoignage artistique sur un homme que jamais les sirènes de
la célébrité n’ont transformé en mégalomane
de l’art. Il est cet rtes permis de regretter ses quatre années improductives
de 1914 à 1918… Il est permis aussi d’admirer ce silence,
car il en dit long sur la personnalité de Braque.
Après un bon déjeuner place des Terreaux, les A2MR sont allés
visiter le très beau musée de l’imprimerie, non sans se
demander avec une certaine anxiété si toutes ces richesses et
toute cette histoire fléchiront tôt ou tard sous les coups de boutoir
forcenés de la numérisation…
Au total, « folle journée » des A2MR à Lyon, avec
quelques photos pour se souvenir.
A quand une autre ? Lugdunum est si riche…
Michel Barras
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Lyon
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au Musée |
Réplique
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