VISITE DE L’EGLISE ET DU CLOCHER DE LA BENISSON
DIEU
Samedi 25 septembre 2010, un petit groupe d’une dizaine d’Amis du Musée et de la Médiathèque avait bravé le froid pour se retrouver sur le parvis de l’église de La Bénisson Dieu et visiter le lieu sous la houlette de Bernard Christophe. Une visite passionnante, Bernard Christophe connaissant tout de l’histoire de cette ancienne abbaye cistercienne.
En 1138, une douzaine de moines envoyés
par Bernard de Clairvaux arrivaient en ce lieu pour implanter une abbaye.
Peut-être voulait-il contrebalancer l’influence des Bénédictins installés à
Charlieu ? Les premiers bâtiments sont en bois. Entre 1170 et 1210,
s’élèvent l’église et les bâtiments conventuels, financés par les comtes de
Forez et de Macon (date attestée par l’analyse des bois de chêne placés à la
base des voutes).
Cet
ensemble va subir au cours des siècles des heurs et des malheurs qui amèneront
une suite de transformations et de
dégradations importantes. De l’église, il ne reste aujourd’hui que la nef qui
sert d’église paroissiale. Construite en pierre calcaire jaune clair, son style
marque la transition entre les arts roman et gothique. Une architecture
dépouillée selon le souhait de Saint Bernard qui voulait qu’aucune
ornementation ne vienne troubler le recueillement et la prière.
En
1456, Pierre de la Fin est nommé abbé. Il arrive après les pillages de la
guerre de cent ans et entreprend des travaux considérables : modification
de l’abside de l’église, construction d’un clocher de 51 mètres et d’un porche
qui masque une partie de la façade, rehaussement de la toiture et couverture en
tuiles vernissées.
Après
lui, l’abbaye va péricliter et les guerres de religion achèveront de la
dévaster.
Le monastère semblait condamné lorsqu’au début du 17e siècle, des religieuses venues d’Auvergne, les Bernardines de Mégemont s’installent à La Bénisson Dieu. Leur 1ère abbesse, Françoise de Nérestang consacre une partie de la fortune de sa famille à la restauration des bâtiments conventuels et de l’église dans laquelle elle fait construire une chapelle baroque dédiée à la Vierge.
La
révolution sonnera la fin du monastère qui deviendra un peu plus tard une
carrière de pierres. Il ne reste rien des bâtiments conventuels à l’exception
d’un porche et du puits, ni du transept et du chœur de l’église. Seul, subsiste
le mur que Madame de Nérestang avait fait construire pour séparer le chœur
réservé aux religieuses de la nef. En 1817, des villageois rachètent ce qui
reste de l’église pour la rouvrir
au culte.
Le
clocher, œuvre de Pierre de la Fin, en forme de tour carrée surmontée d’une
flèche de 18 mètres a fait récemment l’objet d’une restauration importante et
il abrite désormais, sur 4 niveaux un musée religieux : ornements
sacerdotaux, divers objets du culte, statues, autels…et l’oratoire que
Françoise de Nérestang, imprégnée du mysticisme janséniste (visible aussi dans
le Christ peint sur le retable du chœur) qui régnait à l’époque, avait fait
décorer de têtes de mort avec sa
devise « Prends garde à ta personne »
Notre petit groupe a vaillamment gravi les 203 marches qui mènent à la galerie
découverte d’où on a une vue panoramique sur le bourg et les environs et d’où
l’on peut mesurer l’importance de l’abbaye à ses plus belles heures.
Un
dernier détail donné par notre guide : les 2 acacias situés devant
l’entrée, auraient été plantés par Françoise II de Nérestang. Selon la
tradition religieuse de notre région, l’acacia symbolise les épines de la
couronne du Christ.
Ce
bref compte rendu n’a pour but que de vous donnez envie de visiter ou revisiter
ce monument à travers lequel, on peut voir comment, pendant 9 siècles, l’histoire d’une abbaye nichée au creux d’un vallon, au bord de
la Teyssonne a été continuellement « bousculée » par l’Histoire de France.
Anne Marie Berrod
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