Jeudi 25 septembre, 6 heures, quarante huit Amis du Musée et de la Médiathèque retrouvent leur chauffeur Philippe et s’installent dans le car, direction Marseille, destination choisie pour notre voyage d’automne.
Marseille, ville de tous les contrastes : plus ancienne ville française, ouverte sur la Méditerranée, traversée par toutes les influences venant du nord et du sud…connue par des images, parfois des clichés, l’accent chantant, « notre cane…cane... cane... canebière », le vieux port et sa sardine ! le château d’If, sombre prison d’Edmond Dantès le héros d’Alexandre Dumas, l’OM et son mythique Stade-Vélodrome… mais aussi des situations dramatiques qui font la une des journaux parisiens… « les quartiers nord », le banditisme, les règlements de compte…
Le premier contraste nous a sauté aux yeux lors de la visite du musée d’histoire de Marseille situé dans le quartier de la Bourse, un bâtiment très moderne qui abrite aussi un centre commercial et entoure les vestiges du port antique, dégagé récemment.
Deuxième contraste, le MUCEM, musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée. Le projet avait fait « couler beaucoup d’encre » dans les médias. En fait le bâtiment entouré d’une dentelle de béton (technique particulière de béton fibré, très malléable et « résillé » pour laisser passer le soleil), relié au fort Saint Jean et au-delà au vieux port et au quartier du Panier par d’élégantes passerelles, est une réussite.
Quelques membres du groupe qui avaient dédaigné la bouillabaisse, y ont assisté à un coucher de soleil « somptueux ». « Musée de société, il est consacré à la conservation, l’étude, la présentation et la médiation d’un patrimoine anthropologique relatif à l’aire européenne et méditerranéenne, à partir de collections d’origine internationale et de recherches tournées vers une approche transdisciplinaire concernant les sociétés dans leur totalité et dans l’épaisseur du temps » Une définition ambitieuse!
Ce musée, le premier des civilisations méditerranéennes « nous parle de nous ». Il veut « souligner l’histoire partagée des populations méditerranéennes et les enjeux auxquels elles sont confrontées ». Mais, les explications du guide ne sont pas de trop pour saisir le rapport entre les différents objets présentés dans la galerie de la Méditerranée, divisée en quatre espaces singuliers : agriculture, modes de pensée, citoyenneté et grandes expéditions maritimes. Néanmoins, si tous les liens ne sont pas spontanément compréhensibles, le visiteur peut toujours se laisser séduire par la beauté des objets présentés.
Pendant la matinée de notre deuxième journée, nous avons admiré le Palais Longchamp réalisé par l’architecte nîmois Henry Espérandieu à « la gloire de l’eau ». Ce bâtiment qui domine largement la rue, est composé en son centre d’un château d’eau qui reçoit l’eau de la Durance par l’intermédiaire du canal de Marseille et alimente une cascade au pied de laquelle s’étend un magnifique parterre de fleurs, un ensemble majestueux qui abrite dans une de ses ailes, le musée des Beaux Arts.
Créé en 1801, ce dernier est doté par le Consulat d’œuvres saisies dans les églises et chez les émigrés dans les premières années de la révolution. A coté de toiles de peintres français et italiens du XVI au XIXème siècle, la part belle est faite aux artistes provençaux Meiffren Conte, Nicolas Mignard installé en Avignon, Fenouil, Jean Joseph Kappeler… et surtout Pierre Puget né à Marseille en 1620, peintre, sculpteur, architecte, dessinateur, « le Michel-Ange de la Provence » dixit notre guide. Le musée possède encore une exceptionnelle collection de 36 bustes en bronze de « célébrités du juste milieu », parlementaires de la monarchie de Juillet exécutés par Honoré Daumier autre marseillais de naissance.
Si le groupe a apprécié la montée vers « la bonne Mère » au soleil couchant, en petit train, il a été le lendemain un peu frustré par une visite très/trop rapide du vieux quartier du Panier et de quelques uns de ses centres d’intérêt : la Major de style romano-byzantin comme Notre Dame de la garde et la vielle Major, témoin du mariage de Catherine de Médicis et Henri II, l’auberge où serait descendu Casanova, la maison de Pierre Puget, le portail en fer forgé qui s’ouvre sur la Vieille Charité, œuvre du même Puget, magnifiquement restaurée, l’hôtel Dieu, transformé en hôtel de luxe, la place de Lenche, l’ancienne agora romaine et, halte incontournable, la place de « Plus belle la vie »…
Le troisième jour, le château Borely nous réservait encore une belle surprise, cette bastide XVIIIème siècle, de style classique, à l’histoire compliquée, abrite maintenant le musée des arts décoratifs, de la faïence et de la mode. Une restauration heureuse a permis de conserver ou retrouver les décors anciens comme les fresques de Puvis de Chavanne dans le hall monumental, le mobilier et les tentures des appartements de la famille Borely et de juxtaposer des éléments de décor moderne de belle facture.
Il faudrait encore décrire la corniche que nous avons longée en plein midi, au soleil couchant, et de nuit, le fort Saint Nicolas qui avec le fort Saint Jean marquent l’entrée du vieux port, la cité radieuse de Le Corbusier, aperçue de loin...
Notre voyage s’est achevé par la visite de l’Estaque, peint par Cézanne et ses contemporains, lieu de naissance du cubisme avec Braque et Picasso en 1901 mais qui, aujourd’hui, a perdu de son charme d’antan. Pour ceux qui voudront retrouver l’évolution de ce petit port, un livre nous a été recommandé par notre guide, « L’Estaque, chronique d’une double histoire » de Geneviève Blanc, aux éditions Art et Patrimoine.
Il reste encore beaucoup à voir. Il faudra revenir à Marseille !
Anne-Marie Berrod
Marseille - Fort Saint jean |
Marseille - nacelle du pont transbordeur |
Marseille - Pont de la Fausse Monnaie et Pointe du Malmousque |