Jeudi 27 mai 2010, une vingtaine
de membres de notre association ont eu le plaisir de découvrir ou redécouvrir,
sous la conduite de Danielle Miguet, conservatrice en chef du musée de
Charlieu, le peintre charliendin Armand Charnay : 54 toiles et dessins qui
constituaient le fond de l’atelier que le peintre avait légué à la Société des
Amis des Arts de Charlieu, à charge pour elle de conserver et de faire
connaître son œuvre.
Mais, l’essentiel de la
production d’Armand Charnay est dispersée dans quelques musées, en
France : Yport, Rouen, Saint Etienne, Roanne ainsi qu’à la Nationale
Galerie de Londres et surtout chez des collectionneurs privés principalement
anglo-saxons qui raffolaient de cette peinture de paysage et de genre.
En effet, Armand Charnay,
considéré de nos jours comme un « petit maître », a connu de son
vivant un grand succès dans la lignée des peintres de Barbizon.
Né en 1844 dans une famille de
notable, son père était notaire à Charlieu, il a, très tôt, manifesté des dons
de dessinateur et de peintre, passion à laquelle il se consacrera toute sa vie
jusqu’à ce qu’un décollement de la rétine ne le prive progressivement de la
vue.
Se sentant plus attiré par la
peinture d’après nature que par les cours des ateliers parisiens, grand
amoureux des arbres, il s’installe dès 1866 en forêt de Fontainebleau, à
Marlotte où il passera la majeure partie de sa vie. C’est là qu’il mourra en
1915.
Malgré tout, il n’a pas délaissé sa région natale et l’exposition de Charlieu, intitulée « Vivre à la campagne au XIXème siècle », met en évidence son goût pour les paysages du Charluais, du Charolais, du Forez ou d’Auvergne, son fantastique talent de dessinateur animalier, son intérêt pour les scènes rurales et son horreur de la chasse telle qu’elle était parfois pratiquée dans la campagne environnante. Toutes sortes de techniques : des dessins au fusain rehaussé à la craie ou d’une touche de gouache, des peintures à l’huile d’une grande variété et harmonie de coloris, deux aquarelles d’une extrême délicatesse d’exécution, des dessins sur calque d’animaux et de personnages qu’il utilisait ensuite à la manière de copiés/collés pour construire les scènes de genre de ses tableaux…la dame en rose, le petit chevreau, le château de Gatelier, l’ancienne église de Saint Just en Chevalet, les rues de Charlieu, un envol de canards au dessus de l’eau et encore, le petit peuple des campagnes : gardienne de dindons, bergers dans la tourmente…Deux portraits de l’artiste réalisés par son ami et exécuteur testamentaire Christian Henri Roullier illustrent cet hommage à Armand Charnay.
Peintre reconnu, décoré de la légion d’honneur, Armand Charnay n’aura eu qu’une seule commande publique à la destinée surprenante : il a réalisé, à la demande de la ville de Paris une toile marouflée intitulée « Sur les hauteurs de Passy » installée dans le grand escalier d’honneur de l’hôtel de ville. Depuis, le grand escalier a été transformé en bureaux et la toile se trouve toujours emprisonnée derrière une cloison !
(Anne Marie Berrod)
La maison familiale d’Armand Charnay sous la neige flanquée d’une tour sortie de l’imagination du peintre. La maison existe toujours mais elle a subi de nombreuses transformations et abrite de nos jours une école maternelle.