C’est à la Médiathèque que se sont réuni les Amis du Musée et de la Médiathèque pour suivre leur cicérone Gilbert Buecher sur les Chemins de Compostelle. Le conférencier, pèlerin lui-même, est passionné d’art roman. S’appuyant sur un diaporama, il a expliqué en détail les symboles liés à cet art qu’il a pu apprécier au cours de ses périples.
N’oublions pas qu’au XIe et XIIe siècle, les chrétiens étaient souvent illettrés. Le fait que des imagiers romans représentent par leurs sculptures sous forme de paraboles analogues à celles de l’évangile l’histoire de l’église permettait une lecture plus facile. Les églises romanes véritable « livres de pierres » recèlent des trésors : les gardiens de la porte au nombre de deux, sont souvent effrayants, des monstres qui nous renvoient à notre propre image, celle de l’homme imparfait. La chapelle Saint Michel de l’Aiguille au Puy en Velay en est un bel exemple.
Les remarquables chefs-d’œuvre que sont les tympans, les modillons, les chapiteaux sont révélateurs. Etre comme un Dieu avec un pouvoir absolu, c’est bien là une tentation universelle pour tout être humain et à toute époque. Mais ce mythe est surtout l’histoire d’une rupture, d’une séparation. C’est la chute, très bien représentée à la cathédrale Saint Lazare à Autun. L’homme se recroqueville à l’état végétatif. Barbu, la tête dans les épaules, il porte un lourd fardeau, celui du péché, de l’infamie (église de San Martin Fromisa en Espagne). Le mythe de la langue tirée en dit long sur le sens de la communication donné à l’homme pour son repentir, sa rédemption. Les petites créatures sont dévorées par un animal puissant, c’est dire la petitesse de l’humain face aux puissances extérieures. Il doit lutter. Retournement et redressement sont symbolisés par deux oiseaux buvant dans la même coupe, signe de réconciliation. La lumière de l’espérance jaillit. « Il faut que nous devenions lumière pour que le monde s’éclaire dans l’équilibre et l’harmonie. » L’église de Saint Gervais et Saint Protais de Civaux le stigmatise. Avoir la force de tendre la main est un cheminement mental conduisant à l’amour. C’est la perception du divin en l’autre, cette rencontre avec le divin dans l’autre.