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La  tapisserie d’Aubusson
cinq siècles de création contemporaine.

Conférence de Mr Bruno Ythier, Conservateur du Musée Joseph Déchelette, le 19 mai 2022 à la bibliothèque Déchelette à Roanne.


- Mr Ythier commence son exposé sur l’histoire de la  tapisserie à partir du fonctionnement du métier à tisser : la chaîne, la trame et la mécanique jacquard pour le dessin. Pour la tapisserie, on retrouve le fil de la chaîne et l’intervention du  tisseur pour couper les fils de trame, l’ouverture de la chaîne est commandée par les pédales (les basses de lisse). Si le tissu tient c’est parce que le tisseur tasse les fils de trame. Le nombre de couleurs est infini. Cette technique simple et basique qu’on retrouve en Egypte est utilisée par presque tous les peuples.
- C’est dans l’Europe du Moyen Âge que la tapisserie va prendre un usage et devenir un objet ornemental. Au XIVème siècle, à partir des Valois, on développe des tapisseries monumentales : par exemple la tenture de l’apocalypse conservée au château d’Angers ; il ne s’agit que d’une relique parmi les œuvres de cette époque.                                                                               
- Fin XVème, départ de l’activité à Aubusson sous le terme des Ateliers de la Marche mais probablement l’installation est plus ancienne. G. Sand s’est intéressée à l’histoire de la tapisserie, plus particulièrement à La Dame à la Licorne, pièce la plus ancienne. Aubusson bourgade pleine de contrastes où l’industrie démarre par une activité domestique de sous-productions pour les ateliers flamands ou parisiens.
- On suit l’évolution du travail des lissiers au fil du temps :
Les chambres de verdure qui isolent et gardent la chaleur.
Au XVIIIème  les scènes de chasse et de légendes.
Genre des vases à bouquet de fleurs lié à l’engouement pour les tulipes.
Les tentures narratives.
Comment peut-on suivre la mode ? ce sont les colporteurs et les pèlerins qui renseignent.

  • En 1665 la Manufacture Royale d’Aubusson est créée par Colbert. Les tapisseries arborent un liseré bleu mais pas forcément.
  •  L’Edit de Nantes et le départ des protestants fut une catastrophe pour la manufacture d’Aubusson. De nombreux lissiers émigrent en Allemagne et créent  des  ateliers. En 1708, la manufacture est en perdition si il n’y a pas un effort de l’état.
  • Au XVIIIème, en 1731,  la manufacture royale est relancée par les commandes de l’état (envois exceptionnels de la couronne)  et achats de tableaux aux marchands par les aubussonnais. ; reproductions des tableaux de Boucher et décors de PompéÏ qu’on venait de découvrir.
  • Au XIXème, la tapisserie est supplantée par le papier peint. Elle s’oriente alors vers des pièces de plus en plus fines, riches en couleurs : copies de peintures art-déco. Des petits ateliers travaillent pour l’exposition universelle de 1900.
  • Le temps des mutations.

La production va s’inspirer des activités contemporaines. : en 1925, exposition des artistes surréalistes, en 1937 les commandes du Front Populaire.  Après la guerre Jean Lurçat est à l’origine du renouveau de la tapisserie. Il associe ses amis à son travail de création. Avec le redémarrage on dénombre plus de 600 lissiers. C’est le triomphe de l’abstraction. Le retour au figuratif sera lent. On aura des tapisseries d’interprétation à partir des œuvres de Braque, Picasso et Vasarély.

  • En 1960 la biennale de la tapisserie ouvre la tapisserie au monde entier.
  • Début 1980 effondrement lié au manque d’intérêt pour l’art contemporain.
  • Début 2000 réveil de l’activité avec la transformation en Cité de la tapisserie avec l’aide des quelques lissiers formés. L’activité a pu redémarrer grâce à la formation mais cela n’a pas suffi à redynamiser la ville.
  • En 2009, labellisation au patrimoine mondial de l’UNESCO. Cette reconnaissance a donné un regain d’intérêt à la ville d’Aubusson.

Denise Perrin

Vidéo de RWTVplus réalisée par Maurice Gay (24,51mn)

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