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Conférence à la Médiathèque de Roanne le 16 mars 2023 à 17h

L’épopée insolite des colporteurs, revendeurs de la quincaillerie thiernoise et colporteurs des Bois Noirs


Le conférencier Jean François Faye (président de l’association des Bois Noir) originaire d’Arconsat a entrepris un travail de recherches historiques sur les colporteurs de sa région en partant de ses ancêtres eux-mêmes colporteurs.
Les colporteurs en brigades vont vraiment voyager loin de leurs villages et sillonner la France, l’Europe voire même d’autres continents au XIXème siècle  autour des années 1820-1870 bien que leur migration ait commencé à la Révolution.
Ce phénomène s’explique par le hasard et la  nécessité. Les Bois noirs, pays pauvre dont l’activité forestière dépend du bon vouloir des propriétaires ne convient plus à leur subsistance, il fallait trouver une activité lucrative pourquoi pas le colportage en profitant du développement de l’industrie coutelière de la ville de Thiers toute proche.
Progressivement,  ils vont se mettre à leur compte et devenir multi-fabricants  et multi-produits afin de revenir au pays riches pour se marier.
Leur histoire nous est parvenue grâce à leurs passeports enregistrés dans les préfectures, leurs lettres envoyées à leurs familles, les carnets de comptes  ainsi qu’à la mémoire familiale et autres récits de voyageurs.
Les pays le plus majoritairement sillonnés sont l’Italie, l’Espagne, la Suisse, la Belgique, la Hollande. On les retrouve à St Pétersbourg,  en  Afrique du nord et centrale, en Californie, Amérique du sud et bien sûr partout en France.
Que vendent-ils ? Toutes sortes de marchandises : couteaux, rasoirs, ciseaux, tire-bouchons mais aussi du textile (couvertures, trousseaux, vêtements) armes, montres, parapluies et des articles de parfumerie. Mais ils importent aussi des peaux voire des mandarines… Ils ne voyagent pas avec la marchandise, ils se font livrer sur place grâce à leurs relais.
Comment se déplacent-ils ? A pied, en coche (poste à cheval, malle-poste), coche d’eau, bateau à voiles, bateau à vapeur et  train.  Leurs déplacements suivent l’évolution des moyens de transport.
Comment communiquent-ils ? Ils ont utilisé le patois avec ceux qui utilisent les langues latines, le français qu’on parlait à l’étranger avec l’aide des pisteurs dans les ports et les consulats.
Leurs longs parcours n’étaient pas toujours faciles. Dans certains pays, ils étaient confrontés aux maladies tropicales (malaria, fièvre jaune), aux brigands, aux rixes d’ou l’ habitude prise de voyager  groupés. Il fallait aussi faire face à la maréchaussée et aux douaniers.
Leurs souvenirs et préoccupations étaient consignés dans leurs lettres et faisaient référence à la santé, la famille, le domaine agricole qu’ils avaient laissé. Ils rapportaient les potins locaux et se faisaient ainsi reporters.
Peu à peu le phénomène s’estompa. Le mouvement a muté car ceux qui partent ne reviennent plus et d’autres deviennent négociants ou bazardiers c'est-à-dire marchands ambulants. Le développement du chemin de fer a modifié le commerce nuisant ainsi au colportage. Puis l’évolution démographique a fait le reste.

Denise Perrin


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