LES
AMIS DU MUSEE ET DE LA MEDIATHEQUE DE ROANNE
JEUDI
26 JUIN 2008 à CHAZELLES-SUR-LAVIEU
La nouvelle
exposition de Daniel Pouget, en son couvent de Chazelles-Sur-Lavieu,
s'intitule:
Mes années polaires, Indiens, Inuits.
Daniel
Pouget, ethnologue forézien, a effectué tout au long
de sa vie de nombreux séjours en Arctique et en Amérique du nord, qui lui ont
permis d'approcher le quotidien des Inuits et des indiens Innu.
Parmi ces populations vivant dans des conditions climatiques extrêmement rudes,
il s'est fait de nombreux amis. Il en a rapporté une somme de témoignages et
d'objets qu'il expose actuellement.
Daniel
Pouget relate à travers une galerie de portraits, la passion des explorateurs
partis à la conquête des terres arctiques pour en rapporter des richesses. Une
salle est consacrée aux découvreurs de ces terres lointaines: Jacques Cartier,
Champlain, Cavalier de la Salle, La Perouse, James
Cook ou Jean Carcot, qui ont abordé ces terres à la
recherche de nouvelles voies maritimes, avant d'y découvrir des populations. On
apprend aussi que des fouilles archéologiques ont mis à jour un campement
ancestral ainsi que des traces du passage de la population viking datées de
l'an 1000, attestant d'une fréquentation de ces régions polaires. D'étonnantes
gravures des peuples de Terre-Neuve illustrent cet évènement historique.
C'est le chamanisme qui est le lien
entre les indiens Innu du Labrador et les Innuits.
Au fil de la visite on
découvre les traditions indiennes comme celles des Béotucks,
peuplade aujourd'hui disparue ou celles des Micmacs. Dans la croyance
chamanique, l'homme et l'animal ont les mêmes origines. La déesse de la mer Noulajouk a pour les Inuits une grande importance, et les
animaux marins, même s'ils étaient chassés comme le phoque ou la baleine,
étaient encore vénérés. Lorsqu'un Inuit tuait un phoque, par exemple, il suçait
un morceau de glace et laissait couler l'eau dégelée dans la gueule de l'animal
en lui demandant pardon. Cette eau devait lui permettre de retrouver le chemin
du septième ciel sans souffrir de soif. Les croyances
entretenues par le chamanisme se traduisent ici par la présentation d'objets de
protection colorés: capteurs de rêves, masques tressés en feuilles de maïs.
Différents masques qui sont également exposés, servaient à décharger la
violence dans la promiscuité des igloos, les longs mois d'hiver.
Daniel
Pouget raconte aussi comment, chez les Inuits, la principale activité consiste
à faire provision de nourriture pour pallier à la longue période hivernale avec
des températures qui descendent de moins vingt à moins cinquante degrés. Ces
hivers sont vécus dans des igloos et, là aussi, les chamans veillent à
maintenir la bonne entente entre les occupants. Ils prônent la Déesse de la
mer, qui donne naissance à tout ce qui vit, et si le phoque est tué par nécessité, le chasseur au harpon pratique un rite d'excuse
bien particulier envers l'animal.
Avec
la chasse aux phoques et caribous, le piégeage des animaux pour la nourriture
et les fourrures, ces peuples exercent un art très expressif, la sculpture, qui
exprime des scènes de la vie quotidienne et des croyances. Ces objets en
stéatite, une pierre de teinte verte, voir noire, ou d'autres matières, telles
les andouillers de caribous, les ossements de baleines, les défenses de morses,
l'ivoire de rostre de narval et des bois de flottage, sont exposés ici, ainsi
que les vêtements et bottes confectionnés en peau d'animaux.
La dernière salle
de ce cabinet de curiosités retrace l'activité des trappeurs avec leurs équipements
et différents modèles de pièges.
Daniel Pouget a
déjà alerté l'opinion publique sur la dégradation des conditions de vie des
Inuits et sur l'impact climatique en Arctique. Son exposition est un hommage à
des hommes et des femmes hors du commun dont les racines sont menacées.
En
préambule de cette expo, dans un tout autre domaine, le conservateur du Couvent
de Chazelles rend hommage à deux personnages. D'une
part Odilon de Mercoeur, dont le buste trône dans la salle d’accueil,
originaire de lavoûte-Chilhac, en Haute-Loire, a été
abbé de Cluny. Il a fondé de nombreux petits couvents par l'intermédiaire des
religieuses de l'Ordre de Sainte Croix de Lavoûte-Chilhac,
dont celui de Chazelles-Sur-Lavieu. D'autre part,
Daniel Pouget évoque l'un de ses ancêtres, Jean Pouget, témoin de l'apparition
d'une petite vierge en bronze dont il avait réalisé le reliquaire. Le 8 juillet
1496, deux fillettes jouent dans les locaux du monastère de Lavoûte-Chilhac,
dont Marguerite Romeuf qui, en jetant un galet dans
l'eau, manque son objectif. La pierre éclate et l'intérieur révèle une petite
vierge en bronze de deux centimètres de haut, plus tard appelée Notre-Dame
Trouvée. Jean Pouget, orfèvre à SaintFlour et aïeul de Daniel, est témoin de la scène parmi
treize autres personnes, et ils attestent du miracle. Jean décide alors de
faire le reliquaire qui abritera la petite vierge. Ce reliquaire se trouve
actuellement au musée de Bargello de Florence, mais la vierge, elle ... a
disparue.
Le couvent a par ailleurs reçu en donation une importante collection de pièces détachées d'orfèvrerie religieuse en métal repoussé constituée de chandeliers, reliquaires, croix de procession et calices. Des œuvres signées par l'orfèvre Laurent, qui a travaillé pour le Vatican.