Le rendez-vous était à l'écluse de Cornillon ce samedi ensolleillé du 27 juin 2009. Une trentaine d'adhérents a suivi Bernard Christophe pour une visite très documentée dans ce qui a été un petit oratoire où reste des morceaux de fresques, dont vous aurez ci-après l'étude très poussée qu'il en a faite.
La famille Chargueraud, locataire de la ferme, nous a fait ensuite visiter les bâtiments de l'ancienne ferme école de Mably.
Ferme
de Cornillon
Il subsiste dans la cour de la ferme
de Cornillon à Mably le vestige d'un ancien château qui était à
l'origine du XIII° siècle mais qui fut vraisemblablement
reconstruit au début du XVII° siècle. Il s'agit d'une tour carrée
flanquée d'une tourelle d'escalier en vis (depuis le XIX° siècle)
qui renferme à l'entresol un petit oratoire avec des fresques.
Sur le panneau à gauche en entrant,
on peut apercevoir une série de petites fiches en fer très
anciennes placées horizontalement (à hauteur de la naissance de la
voûte) et qui sont certainement les anciens supports d'une
tapisserie. L'installation électrique qui passe juste à cet endroit
ne permet pas de confirmer ou d'infirmer cette hypothèse pour les
trois autres murs. On remarquera que la face opposée à l'entrée
est peinte (de couleur ocre), ce qui exclu en principe la présence
d'une tapisserie.
o Murs EST (face à l'entrée):
Cette scène met en jeu sept
personnages dont : cinq angelots, un soldat à l'allure très romaine
et une silhouette très féminine qui est le personnage principal de
la composition. Le décor du fond suggère un paysage vallonné à
peine esquissé et un camp de toile sur la partie droite.
Cette composition, par son sujet
et son exécution, est ,à n'en pas douter, du XVII° siècle et
semble représenter un triomphe quelconque (ceux-ci étant très à
la mode à cette époque : voir par exemple le triomphe d'Aurélien
vers 1660/1670 dans les tapisseries de Bruxelles)
Allusion guerrière sans aucun
doute, mais dont le thème est surprenant en ce lieu (oratoire).
Faut-il y voir une allusion aux guerres de religion et au triomphe de
la vérité ou de la religion catholique que la famille propriétaire
du château défendit avec zèle (en témoigne la mort de deux
d'entre eux en 1562 à Montbrison exécutés par le baron des Adrets
: Louis d'Ogerolles et son beau frère François de Thelis).
o Murs OUEST:
Cette peinture murale très dégradée
laisse deviner, à gauche, un petit arbre près d'un angelot aux
pieds duquel se trouve une tête de cervidé. Au centre, le
personnage principal n'a plus que sa partie droite visible avec
l'avant bras à l'horizontal et l'index pointé. Sur sa droite, une
tâche ronde doit figurer un limbe et un peu plus loin, bien visible,
la partie inférieure d'un corps avec ses deux jambes pouvant
appartenir à un angelot. Sur l'extrême droite, un tronc d'arbre
clos la scène.
Il doit sans doute s'agir d'un
thème religieux, mais il reste trop peu de motifs lisibles pour être
affirmatifs, d'autant plus que l'on relève des anomalies de peinture
(certains traits se croisent laissant penser à des repeints).
La voûte en plein cintre
malheureusement fort dégradée est peinte en trompe l'œil avec un
motif architectural sur le pourtour, cartouche et atlantes. Cette
voûte a une particularité exceptionnelle : son décor est doublé
par un collage de petits carrés verts foncés d'environ un cm2.
C'est une technique employée au XVII° siècle et dont il subsiste
très peu d'exemples aujourd'hui.
La palette des couleurs est
difficile à identifier, car elles ont presque disparu ou ont foncé
en vieillissant. On distingue essentiellement du vert et du jaune.
Il serait faux de penser que le
décor a été fait à l'avenant parce que nous sommes dans un petit
château de province. Cette famille était lettrée et très au fait
des modes. Toutes les peintures de l'époque sont empreintes d'une
très forte symbolique et même les petits éléments ont une
signification, mais l'état fort dégradé de l'ensemble ne nous
permet pas d'en tirer plus de conclusions.
Bernard CHRISTOPHE 27 juin 2009 d’après une étude réalisée en 2003
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