ConfŽrence de Guillaume Serraille – Jeudi 5 dŽcembre 2013

 

Ē LÕhistoire du verre ˆ Venise Č

 

Pourquoi des verriers se sont-ils implantŽs ˆ Venise ? Comment ont-ils mis au point et fait Žvoluer leurs techniques ? Quelle place occupe actuellement la production de Venise dans le monde ?

Telles sont les trois questions que Guillaume Serraille sÕest proposŽ dՎlucider au cours de sa confŽrence.

Le verre, naturellement prŽsent dans la nature sous forme dÕobsidienne fut le premier matŽriau de synthse inventŽ par lÕhomme. Sa dŽcouverte, datŽe de 3000 ans avant JC, relve dÕune Žnigme. Pline lÕancien raconte que des marchands phŽniciens auraient, un soir, jetŽ des morceaux de natron sur leur feu. Au matin, ils remarqurent une matire brillante et cassanteÉ Autre hypothse plus vraisemblable, des potiers constatrent la prŽsence de verre sur les parois de leurs foursÉ

 

Petit rappel : pour fabriquer du verre il faut chauffer un mŽlange de 80% dÕoxyde de silicium (principal composant du sable) et de fondant ˆ 400”C au moins. En ajoutant du plomb, on obtient un verre Ē idŽalement clair, plus dense, plus facile ˆ graver Č : le cristal. 

 

Parti des mondes assyrien, Žgyptien, le verre se rŽpandit progressivement dans tout le bassin mŽditerranŽen, en Europe par lÕItalie et lÕEspagne, jusquÕau nord. Bient™t, la fabrication du matŽriau fut dissociŽe de la fabrication des objets. Le verre/matŽriau Žtait expŽdiŽ sous forme de lingots dans les ateliers secondaires qui se crŽaient  La technique du soufflage apparut au 1er sicle avant JC.

LÕarrivŽe des verriers sur la lagune vŽnitienne, et lÕimplantation des fours ˆ proximitŽ des habitations, en bois pour la plupart, constituaient un danger permanent dÕincendie.

Si bien  que par un dŽcret de 1201, ils furent contraints de Ē sÕexiler Č. Ē Etablis en terrain hostile, sur lՎtroite ”le de Murano, ils durent dŽvelopper un sens pratique et, stimulŽs par la difficultŽ, rechercher des techniques particulires Č. Les murrines qui serviront ˆ fabriquer sulfures et perles millefioriÉ, les filigranesÉ

 

LÕessor commercial liŽ au passage de la 4me croisade, profita au verre. Au XVme sicle, ˆ la demande des doges, Angelo Barovier dŽcouvre le Ē cristalo Č, un verre ˆ la limpiditŽ qui sera bient™t trs recherchŽ puis le Ē lattimo Č, verre blanc opaque qui se souffle facilement.

Une production de luxe se rŽpandit dans toute lÕEurope. Le renom de Murano Žtait tel que les souverains de passage ˆ Venise se rendaient sur lՔle pour commander leur vaisselle.

A la diffŽrence des verriers de Gnes qui voyagent, les verriers de Murano, rŽgis par une rŽglementation stricte mise en place au XIIIme sicle pour Žviter la fuite des secrets de fabrication, restent sur place. Aprs plusieurs sicles de prospŽritŽ, la production vŽnitienne,  supplantŽe par celle dÕautres rŽgions plus inventives,  va peu ˆ peu dŽcliner.

Au 20me sicle, le passage de lÕartisanat ˆ lÕindustrie, lÕarrivŽe dÕun directeur artistique dans les ateliers, les commandes de Peggy Guggenheim et la visite dÕartistes tel PicassoÉ vont accŽlŽrer lÕouverture sur le monde et, face ˆ la concurrence, entra”ner 

lՎvolution des techniques et des formes et ainsi, le renouveau de Ē la production dÕexcellence Č.

 

 

 

Guillaume Seraille se prŽsente comme Ē un vitrier miroitier Č. Mais paralllement ˆ son activitŽ professionnelle, il se passionne pour le travail du verre et termine actuellement une thse sur le verre vŽnitien contemporain. Sa confŽrence Žtait passionnante.

 

Les Amis du musŽe et de la mŽdiathque le remercient vivement ainsi que Camille Perez, conservatrice du musŽe qui nous a, une fois de plus accueillis dans la belle bibliothque de Joseph DŽchelette.

Anne-Marie Berrod