HistoireÉ histoiresÉLe narthex de Charlieu

Ç TŽmoin de lĠEglise du XIIe sicle È

                                       

ConfŽrence de Jean-Luc Hausemont

Jeudi 15 janvier 2015

 

Proviseur du lycŽe JŽrŽmie de la Rue de Charlieu, Jean Luc Hausemont sĠest intŽressŽ de prs ˆ lĠabbaye bŽnŽdictine.

DĠentrŽe de jeu, il affirme que le narthex, joyau de lĠart roman bourguignon, doit tre vu au moins une fois dans la vie dĠun Ç honnte homme È, ce qui Žtait ˆ coup sur le cas de la quarantaine dĠauditeurs prŽsents ˆ la mŽdiathque.

Encore faut-il dŽpasser le premier regard ! Ce quĠil a fait, lĠobjet de sa confŽrence Žtant de mettre en Žvidence les ŽlŽments indispensables ˆ une comprŽhension de la composition architecturale, sculpturale et iconographique de ce b‰timent. Un diaporama trs clair permettait de visualiser instantanŽment son propos.

 

Petit rappel historique du contexte charliendin :

-       875 : installation des moines bŽnŽdictins venant de Cluny

-       1094 : consŽcration de la 3e Žglise (suite ˆ une restauration/reconstruction)

-       1140 : ŽlŽvation du narthex

 

Point de dŽpart de lĠanalyse : une sculpture du pilier gauche reprŽsentant Ç la luxure È, un message religieux dont le confŽrencier donne deux interprŽtations : soit la femme perdue, soit la femme sauvŽe par la Vierge placŽe au dessus, sur le linteau et sous le Christ misŽricordieux. Plus loin, revenant sur cette sculpture, il formulera une autre hypothse : la femme reprŽsente la Babylone corrompue parce quĠelle a fait trop de concessions (allusions aux hŽrŽsies)

 

 

 

 

Autre point dĠobservation, lĠarchitecture gŽnŽrale :

-       Grand portail nord.JPGLe rez de chaussŽe : un carrŽ, symbole de la terre, ornŽ de deux ouvertures ouvragŽes, un portail avec le Christ en majestŽ dans la mandorle entourŽe du tŽtra morphe et surmontŽ par un agneau trs expressif. CĠest la partie divine. Et, en regard, ˆ droite, la fentre dont le tympan reprŽsente les noces de Cana. Il faut y voir la rŽponse de Pierre le VŽnŽrable, abbŽ de Cluny, ˆ ceux qui contestaient la nature humaine du Christ.

-       LĠŽtage, sobre, ŽclairŽ par une petite fentre sans fioriture. Ce grand espace aurait pu tre destinŽ ˆ accueillir les trŽsors de Cluny au cas ouÉ car depuis la crŽation de lĠordre de Citeaux en 1098 qui pr™nait le retour ˆ une Eglise plus modeste, Cluny Žtait en danger !

 

Troisime niveau dĠinterprŽtation : nous sommes en pleine pŽriode de croisade. LĠargumentaire dĠUrbain II, aller dŽfendre les chrŽtien dĠorient par la reconqute des lieux saints, se lit clairement dans le tympan. La construction sur laquelle est assis le Christ nĠest pas lĠŽglise de Charlieu mais une reprŽsentation de JŽrusalem, la ville sainte. La mandorle indique la reconqute, le tŽtra morphe lĠŽvangŽlisation. La lecture de lĠimbrication  des symboles byzantins et occidentaux du portail reprŽsente une Eglise romaine conquŽrante dans un monde en plein bouleversement.

 

En conclusion, le message dŽlivrŽ par le narthex de Charlieu peut se lire en trois parties :

-       Le message divin de la rŽdemption

-       Charlieu, filiale de Cluny

-       Une Eglise temporelle universelle

 

Pour terminer, le confŽrencier attire lĠattention de son auditoire sur un point de dŽtail amusant mais qui montre la grande ma”trise du donneur dĠordre et du sculpteur : en deux endroits, ce qui semble tre le rŽsultat dĠune dŽgradation naturelle ou provoquŽe de la sculpture, est en fait un effet de trompe lĠÏil. LĠagneau nĠa que trois pattes, la quatrime nĠa pas ŽtŽ sculptŽe, volontairement, pour laisser appara”tre le feuillage. Autre exemple : dans la mandorle, une partie de la jambe droite du Christ manque pour laisser voir le rempart de JŽrusalem.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

M. Hausemont a ŽtayŽ sa lecture du monument dĠun grand nombre dĠobservations et dĠarguments eschatologiques et historiques quĠil est impossible de rapporter ici dans leur totalitŽ. QuĠil soit remerciŽ pour sa prŽsentation dense et vivante. Les A2MR remercient aussi les responsables de la mŽdiathque pour leur accueil. 

 Anne-Marie Berrod